La performance: une intention et un processus

Voilà quelques mois, au cours d’une discussion amicale une dame me lança : « vous les hommes, vous êtes toujours dans la performance, même au lit… ». Je ne me reconnais pas dans cette définition, mais pas du tout.

La performance n’est pas un résultat, la performance est d’abord une intention.

Elle est l’étalon intime que l’on veut se donner à un moment donné. Elle peut être fortuite, intuitive, chiffrée, mais en sport particulièrement elle se prépare.

Faire sauter les croyances limitantes

Dans notre sport favori nous avons glissé des tas de croyances. « Au golf c’est un jour oui, un jour non », « au golf pas de régularité », « au golf on ne contrôle pas un résultat » ….

Sur ces points et d’autres encore, je ne suis pas d’accord non plus parce que la vie m’a appris que la poursuite d’un objectif, personnel ou professionnel se construit.

Pourquoi le golf échapperait-il aux lois universelles des autres activités humaines ?

Que ce ne soit pas facile, que cela demande imagination et détermination, j’adhère complètement à ces propositions.

Le niveau de performance en golf est un choix personnel .

L’intention est omniprésente dans notre jeu favori, mais ce n’est pas toujours ainsi qu’elle est présentée lors de l’apprentissage (j’aime bien ce mot « apprentis-sage », il parle du corps et de l’esprit du joueur en symbiose).

Au foot par exemple une règle dit : « l’intention vaut l’action ». Au golf, je crois à la même chose : si j’ai l’intention de jouer une partie et d’y être performant (jouer au niveau qui me fera plaisir), je m’y prépare à l’avance.

En clair, je vais chercher en moi les qualités qui me permettront de réussir ma partie. Mon projet est le chemin à parcourir

L’exemple des grands joueurs

Nous pouvons voir cela chez les meilleurs joueurs du monde. Chaque année nous voyons arriver de nouveaux joueurs sur les circuits. En ce moment c’est Victor Pérez qui crève l’écran en France.

Amusant de lire les commentaires des uns et des autres sur les réseaux sociaux, les médias. Ils ne comprennent pas bien d’où il vient. De mon point de vue, Victor n’a pas eu un cursus d’apprentissage à la française.

Son éducation en golf est typiquement américaine avec son coach Mike Magher, puis ses humanités à l’Université du Nouveau Mexique. Avec une culture initiale sportive et éducative bien française. Son père Michel est un professeur d’éducation physique: « un esprit sain dans un corps sain ».

Dans le sport de haut niveau nous oublions trop souvent (en France) que le joueur doit avoir une connaissance de soi de très haut niveau.

L’esprit américain (anglo-saxon en général) en sport et dans les affaires est tourné vers le résultat : une manière de combativité, la notion de vaincre mais surtout de se vaincre. Une visualisation optimiste du sujet pour son projet.

Pour réussir fixer l’objectif

En golf, cette tournure d’esprit est très présente. J’ai appris à jouer au golf avec des joueurs du Circuit Européen et ils m’ont inculqué ces principes.

Mon mentor Michaël Wolseley m’a appris à décider de mon objectif au départ de chacune de mes parties. Je ne l’ai pas toujours réussi rassurez-vous, mais cela m’a donné des résultats constants. Mon capitaine d’équipe pouvait compter sur moi.

Que ce soit à l’entraînement, en compétition, sur un terrain connu ou pas, nombre de paramètres du jeu sont liés à votre confiance en soi (mes capacités à faire) et l’estime de soi (être : quelle valeur ai-je à mes yeux ?). Juste l’appliquer à chaque partie.

Apprendre et corriger pour automatiser

Cette manière autorise le joueur à réduire les écarts de score entre deux parties. Une pratique à comprendre et appliquer.

Décider d’un score est un état d’esprit qui implique de décider de ce que l’on veut vraiment. Clairement le visualiser et bâtir un plan d’action, un processus adapté à la réussite du projet que vous avez imaginé.

Des joueurs en sont des témoins vivants, Jordan, Deschamps, Woods sans conteste, Rahm parmi les jeunes, mais nous trouvons cela dans les constructions chez les architectes ou les constructeurs automobiles. L’analogie en est forte, j’en témoigne pour avoir travaillé dans ces deux secteurs.

Quel joueur voulez-vous être?

Pour apprendre à jouer au golf la première question à poser par le moniteur ou le directeur de l’académie au nouveau joueur serait : « Quel joueur voulez-vous être en fin d’apprentissage ? ».

Question rituelle que se poserait ensuite régulièrement le nouvel adepte pour animer sa motivation à préparer son plan de progression pas à pas.

La performance en golf n’a pas de limite, sauf celles que l’on s’impose.

S’appliquer sans arrêt

Evidemment que c’est plus facile de dire cela pour un jeune joueur. Mais l’âge ne ferme pas les portes à l’apprentissage et au progrès. Les solutions de jeu sont différentes pour prendre du plaisir et progresser.

La méthode d’apprentissage du golf GE2M par le jeu, implique cette approche : intention-visualisation-action-contrôle-correction .

Dans « Le golf au cœur (jouer au golf autrement » le processus d’apprentissage- progrès est en place. Je l’ai repris dans le perfectionnement de la méthode GE2M.

Pour se diriger le cerveau aime avoir un objectif et un cadre d’action associé. La réalisation de l’objectif implique la mise en place d’un programme: une recette en cuisine, un processus de fabrication dans l’industrie… écrits ou virtuels.

En golf il en est de même :

Pour jouer à un chiffre l’objectif ne peut être immédiat, mais dans 2 ans ou 5 ans selon nos antécédents ou notre culture sportive, rien ne l’empêche…

Etapes de progression

Quelles sont alors les étapes : apprendre, entrer sur le parcours, jouer en compétition, avoir un premier classement, puis l’améliorer chaque année.

Arrivé à l’objectif partiel, bilan complet et décider de l’objectif à venir. Pas trop lointain, annuel et poser les indicateurs pour suivre chaque mois l’évolution vers ce nouvel objectif partiel

Toujours plus précis, impliqué, inspiré

Pas à pas, brique par brique notre jeu se construit avec le temps.

Le niveau de performance choisi par chacun est ainsi le fruit d’une intention associée à un processus.

Pourquoi alors le niveau des joueurs est-il si bas partout dans le monde ?

Par paresse ? Par manque de remise en question personnelle ? Par ignorance ?

Un peu de tout cela peut-être, mais surtout parce qu’il n’y a pas de méthode apprise pour jouer véritablement. Le jeu demande création. Nous jouons par réaction en pilote automatique.

Une méthode pose un cadre d’action qui offre des fondements clairs, aussi pertinents que possible. A chacun de se les approprier pour développer son savoir, savoir faire, savoir être et savoir faire faire. Un ensemble pédagogique cohérent avec le jeu.

Les principes méthodiques posés, facile de s’y référer, se l’approprier, l’adapter à ses capacités de s’y entraîner seul ou en groupe. Le processus d’apprentissage passe par le plaisir qui reste par la réussite au jeu. Quand on réalise ce que l’on tente, le cerveau nos secrétons des hormones de plaisir. Et il en redemande : la motivation vient de là. La motivation n’est pas une volonté, elle est un ressenti physiologique .

Quid du résultat?

Pour viser un objectif, en construire le processus. Progresser en restant en prise constante avec les actions successives en oubliant le résultat. Le résultat ne dépend pas de nous.

Un paradoxe du cerveau : chaque fois que l’on est focus sur un résultat, il nous échappe. Une loi de l’univers.

S’entraîner partout où vous pouvez….

Par contre focus sur les actes du processus à réaliser, pas à pas, avec minutie, une attention de chaque instant, des détails infimes (calme, lucidité, humilité, courage…) et nous aurons de grandes chances de réaliser le niveau de performance choisi.

Comment expérimenter ? Tester en situation de jeu comme je le propose dans la méthode GE2M. Une fois en confiance sur chacune, poser votre challenge ou défi personnel sur le parcours.

Et maintenant jouer!

Etablir la stratégie de jeu du moment, trou par trou en fonction de vos forces et de vos faiblesses et les difficultés affichées sur chaque trou. Le plan de jeu se prépare la veille. Le visualiser et dormir dessus favorise son intégration.

Ne rien négliger de l’alimentation selon nos habitudes personnelles et engager la partie. Comprendre ce qui se passe dans votre concentration. Vous devez contrôler vos émotions par la respiration. Quelques techniques autres peuvent aussi vous aider.

Noter ce qui se passe en vous sur la carte de score. Une erreur, une réussite, une émotion qui passe, colère, frustration, joie, enthousiasme sur un bon coup. A la fin reprenez vos notes et analysez.

Qu’est-ce qui vous plaît ? Conservez, visualisez vos réussites. Vous n’aimez pas ? Comment corriger : technique? mental? physique ? Reprenez la situation de jeu et travaillez là à nouveau en visualisation et au prochain entraînement.

Votre niveau de performance augmentera régulièrement.

La performance est liée à une intention et un processus de préparation et de réalisation.

Testez la proposition…et faites-vous votre opinion.

Bon golf à tous !